Le virus de l’immunodéficience humaine de type 2 (VIH-2) est un rétrovirus responsable d’une épidémie de Sida localisée en Afrique de l’Ouest, où la double circulation du VIH-1 et du VIH-2 est à l’origine de coïnfections par ces deux virus. L’infection par le VIH-2 se caractérise par une phase asymptomatique plus longue et une progression de la maladie plus lente que dans le cas de l’infection par le VIH-1, de même que par la résistance intrinsèque du VIH-2 aux inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (INNTI). Il est de ce fait recommandé de différencier l’infection par le VIH-2 de l’infection par le VIH-1 avant toute initiation du traitement antirétroviral. Cependant, le diagnostic reste difficile, particulièrement celui des coïnfections par le VIH-1 et le VIH-2.

Il est donc essentiel d’explorer de nouveaux algorithmes diagnostiques basés sur les tests rapides du VIH utilisés en routine, afin d’améliorer le diagnostiques des patients doublements infectés dans les centres de prise en charge périphériques du VIH en Afrique de l’Ouest. La difficulté à décrire l’épidémiologie de l’infection par le VIH-2 et de la double infection par les VIH-1 et VIH-2 constitue un autre challenge important dans la lutte contre le VIH-2 en Afrique de l’Ouest. Les données contradictoires de ces dernières années sur l’évolution de l’épidémie de VIH-2 et l’insuffisance de données actualisées ont conduit à une faible considération des patients vivant avec le VIH-2 dans les recommandations thérapeutiques de l’OMS.

Dans le contexte d’accès difficile aux inhibiteurs de l’intégrase en Afrique, la production de données actualisées sur l’épidémiologie de l’infection par le VIH-2 est essentielle pour renforcer le plaidoyer et améliorer la prise en charge holistique des personnes vivant avec le VIH-2.

Par ailleurs, la mortalité importante rapportée chez les patients vivant avec le VIH-2 pourrait être la conséquence de l’activation immunitaire et de la persistance des biomarqueurs solubles de l’inflammation comme rapportée pour l’infection par le VIH-1. Cependant, le rôle et les mécanismes d’action des marqueurs immunologiques et inflammatoires sur la progression de la maladie et le pronostic évolutif des patients vivant avec le VIH-2 restent encore très peu explorés. Ainsi mieux comprendre l’action des biomarqueurs de l’inflammation dans la survenue de la morbidité, la progression de la maladie et le pronostic des patients vivant avec le VIH-2 pourrait améliorer la prise en holistique de ces patients.

Une approche méthodologique mixte, associant des analyses longitudinales, des enquêtes démographiques, la modélisation spatiale ainsi que des tests de biologie moléculaire, sera développée au cours de ce projet de recherche d’une durée de trois ans. Les données épidémiologiques plus précises, l’amélioration du diagnostic de l’infection par le VIH-2 et la meilleure compréhension de la dynamique et des facteurs associés à la progression de la maladie, issues de ce projet, aideront à orienter les recommandations thérapeutiques internationales spécifiques à l’infection par le VIH-2.