RECOCI
Résumé
Le cancer invasif du col utérin (CIC), l’un des cancers les plus importants en Afrique sub-Saharienne est accessible à un dépistage efficace. Le programme national de lutte contre les cancers de Côte d’Ivoire met en œuvre depuis plusieurs années un dépistage tel que recommandé par l’OMS. Ces efforts réalisés nécessitent d’être évalués. Il est donc essentiel de renforcer et porter une attention toute particulière à l’enregistrement des cas de CIC à Abidjan. Au-delà des papillomavirus oncogènes, l’infection par le VIH occupe un rôle important dans l’étiologie des CIC par l’immunodéficience qu’elle engendre. De précédentes études conduites en Côte d’Ivoire ont rapporté cette forte association dans un contexte d’accès limité aux antirétroviraux (ARVs). Depuis quelques années, l’accès aux ARVs c’est largement diffusé en Côte d’ivoire avec les nouvelles recommandations de traitement universel. Il est donc essentiel de documenter l’impact potentiel de cet accès aux ARVs sur la survenue des CIC.
Objectifs
Notre objectif général est de renforcer la collecte des cas de CIC au sein du registre des cancers de la zone urbaine d’Abidjan. Les objectifs spécifiques sont de (I) Documenter systématiquement le statut VIH des femmes atteintes de CIC ainsi que l’accès aux soins dans les clinique VIH et à un traitement antirétroviral, (II) Décrire l’accès au dépistage et au traitement des CIC dans le contexte de soins local, (III) Évaluer la survie à 12 mois des patientes ayant un diagnostic de CIC accédant à un traitement et explorer leurs déterminants, (IV) Comparer la contribution du VIH au sein de la population des femmes atteintes de CIC en Côte d’Ivoire entre 2009 et 2019 et (V) Décrire et comparer la distribution des PVH oncogènes selon la présence d’une infection à VIH chez des femmes atteintes de cancer du col en Côte d’Ivoire.
Méthodes
Une enquête prospective destinée à identifier tous les cas (suspects ou confirmés) de CIC au moment de leur diagnostic, sera conduite en partenariat avec le registre des cancers sur une période de 24 mois au sein de toutes les unités impliquées dans le diagnostic ou la prise en charge des CIC à Abidjan. Les patientes enquêtées se verront administrer un questionnaire destiné à documenter l’historique du CIC, la présence de certains facteurs de risque dont l’infection à VIH. Une sérologie VIH sera systématiquement proposée en cas de statut inconnu. Une recherche d’ADN PVH oncogène par méthode PCR se fera sur les prélèvements tissulaires conservés dans le cadre de cette étude. Une population de témoins sera recrutée dans le service de cancérologie du CHU de Treichville parmi les patientes souffrant de cancer non connu comme associés au VIH. Les cas de CIC traités seront suivis pendant une période de 12 mois.
Résultats attendus
Ce projet contribuera à améliorer l’exhaustivité des cas de CIC habituellement rapportés et à une meilleure complétude des données habituellement collectées. L’identification systématique du statut VIH auprès des cas de CIC diagnostiqués à Abidjan permettra de retracer le suivi de ces cas de CIC VIH-positifs. A partir de ce numérateur, l’incidence réelle de ce cancer dans les cohortes de patients VIH suivi à Abidjan pourra être estimée avec plus de précision. La conduite d’une précédente étude cas/témoins VIH et cancer du col dans les mêmes centres de prise en charge durant la période 2009-2010 offre l’opportunité de reconduire cette même analyse en 5 appliquant les même méthodes une décennie plus tard. Ainsi, la constitution d’un groupe de témoins hospitaliers atteints de cancers non connus comme associés au VIH permettra d’analyser l’évolution de la prévalence du VIH parmi les cas de CIC depuis dix ans. Enfin, la distribution des PVH oncogènes en Côte d’Ivoire sera disponible à partir de cette étude.